Un goût comme à la maison

L’organisme Newcomer Kitchen donne aux réfugiées syriennes l’occasion de faire découvrir leur culture culinaire aux Canadiens.

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Elles sont une douzaine de réfugiées syriennes à boire du thé dans des verres, où flottent parfois des feuilles de menthe fraîche, tout en apprêtant un malfouf : des roulades de chou farci de bœuf haché halal, de riz, d’épices et de quelques gouttes de mélasse de grenade. La plupart d’entre elles sont au Canada depuis quelques mois à peine et, dans cette cuisine de Toronto, elles préparent des repas orientaux pour 50 personnes. Elles remuent les marmites fumantes et sélectionnent des feuilles tendres de chou tout en se montrant des photos de leur famille sur leur cellulaire, en se racontant des histoires ou en échangeant leurs meilleures recettes. Ce rendez-vous hebdomadaire qui permet à ces femmes de cuisiner des mets de leur pays natal s’appelle Newcomer Kitchen.

Len Senater a appris que de nombreux réfugiés syriens nouvellement arrivés au Canada habitaient dans des hôtels où il n’y avait pas de cuisine pour préparer leurs repas. Il a voulu leur prêter ses fourneaux.

Au printemps dernier, Len Senater a appris que de nombreux réfugiés syriens nouvellement arrivés au Canada habitaient dans des hôtels où il n’y avait pas de cuisine pour préparer leurs repas. Propriétaire de Depanneur, un espace accueillant des événements gastronomiques éphémères dans le quartier West End, à Toronto, il a voulu leur prêter ses fourneaux. Il ne parlait pas arabe et n’avait aucun lien avec la communauté syrienne, mais il pouvait compter sur l’aide de bénévoles motivés. L’un d’eux l’a mis en contact avec Rahaf Alakbani, 25 ans, et son mari, Esmaeel Abofakher, 29 ans, deux réfugiés syriens installés au Canada en février 2015. Le couple a repéré plusieurs femmes qui désiraient cuisiner et les a emmenées au Depanneur.

« Au départ, il y avait une barrière linguistique et culturelle, confie Len Senater. Cara [Benjamin-Pace, la directrice administrative de Newcomer Kitchen] et moi avons acheté au hasard un tas d’ingrédients, et quand les femmes sont arrivées, nous leur avons demandé : “Voudriez-vous préparer quelque chose ?” Elles ont répondu : “Vraiment ? Vous voulez qu’on cuisine ?” » Il lui a suffi de répondre « oui » pour qu’elles prennent les commandes de la cuisine.

Depuis, ces femmes ont emménagé dans un logement et possèdent leur propre cuisine, mais elles continuent de venir à ces rencontres hebdomadaires. Plutôt que de cuisiner pour leur famille, elles apprêtent des mets pour des clients et, pour ce travail, elles gagnent entre 80 et 100 $ par jour. La rémunération est certes importante, mais ce qui l’est encore plus, c’est de se retrouver dans un contexte social et de contribuer de façon significative à la culture canadienne, comme le souligne Len Senater. Rahaf Alakbani, devenue coordinatrice du programme Newcomer Kitchen, le confirme : « Cette cuisine nous a unis en tant que Syriens. Je l’appelle la Petite Syrie. »

 

De nombreux réfugiés syriens sont accueillis par des communautés partout au pays et Len Senater croit que son initiative pourrait être reproduite dans d’autres villes. Il compte élaborer un modèle pour ceux qui désireraient créer leurs propres « cuisines pour nouveaux arrivants ». Il aimerait également obtenir le statut d’organisme sans but lucratif au fédéral (il bénéficie déjà de l’équivalent provincial) pour être enregistré à moyen terme en tant qu’association caritative, ce qui lui permettrait de recevoir du financement.

En attendant, il continuera de prêter ses cuisines aux Syriennes de Toronto. Il existe d’autres façons d’aider les immigrants au pays. « Il n’est pas nécessaire de poser un geste héroïque. Il suffit de faire un pas en avant et de continuer à avancer. Chacun peut trouver en soi quelque chose à apporter. »

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