- Planifier vos finances ne signifie pas prendre des décisions parfaites à propos de votre argent. Les erreurs sont inévitables.
- Vous n’avez certes aucun contrôle sur les crises inattendues, mais vous pouvez agir sur votre niveau de préparation et gérer vos réactions.
- Si vous avez de la difficulté à épargner, fixez-vous de petits objectifs. Vous aurez ainsi un objectif à réaliser chaque jour.
- La gestion de votre argent doit se faire de façon continue et il est préférable de miser sur la constance plutôt que sur la perfection.
L’argent est partout. Vous pouvez gagner, dépenser et investir de l’argent dans la même journée sans jamais prononcer les mots « cents » ou « dollars ».
Et pourtant, trop de gens renoncent facilement à l’idée d’un plan financier. Certains disent qu’ils n’ont pas l’argent ou le temps.
Si vous avez des objectifs qui nécessitent des dépenses (comme prendre votre retraite, acheter une maison ou dîner dans de grands restaurants), il vous faut un plan financier (article en anglais seulement). Dépenser et épargner au gré de ses envies, cela ne dure qu’un temps. Il faut donner du sens à ses finances.
« Je dis toujours que l’établissement d’un budget se résume à décider comment utiliser l’argent dont on dispose pour faire les choses qui nous font envie ou qui nous tiennent à cœur », explique Tania Brown, planificatrice financière agréée à SaverLife, un organisme à but non lucratif qui élabore des programmes incitatifs à l’épargne.
Mme Brown précise toutefois que les erreurs sont inévitables.
« La perfection est l’ennemie d’un plan financier. Il faut accepter de se tromper. L’erreur est humaine. »
Nos chances de réussite dépendent beaucoup plus de la manière dont nous gérons les crises; par exemple un dépassement de budget, un retard dans le règlement d’une carte de crédit ou encore une pandémie ou une crise financière.
Imaginez votre « moi futur »
Les gens ont de la difficulté à déterminer ce qui sera bon pour eux plus tard, constate Katy Milkman, professeure à la Wharton School de l’Université de Pennsylvanie et codirectrice de l’Initiative Behavior Change for Good. Ses recherches portent sur la façon dont on peut appliquer les connaissances en économie et en psychologie à la finance, à la santé et à d’autres secteurs de notre vie pour façonner un comportement positif.
« Le biais du présent est un gros problème, affirme Mme Milkman. C’est la propension à se concentrer sur toutes les choses que nous voulons maintenant et sur le plaisir qu’elles nous procureraient si nous les obtenions immédiatement. Nous négligeons tout ce qui appartient à l’avenir, comme la retraite ou les projets pour lesquels il faut épargner. »
Selon elle, quand on ne se soucie pas de l’avenir, on risque de faire des achats impulsifs et de ne pas épargner suffisamment parce que les conséquences d’une mauvaise décision sont trop lointaines.
À ceux qui ont de la difficulté à épargner pour un projet qui ne se concrétisera pas avant plusieurs années, Mmes Brown et Milkman recommandent de se fixer des micro-objectifs.
« Plus votre objectif est proche dans le temps et plus vous le rendez accessible, plus vos chances de l’atteindre sont grandes » explique Mme Milkman, faisant référence à une importante étude (en anglais seulement) menée par deux psychologues, Gary Latham et Edwin Locke, et qui porte sur l’établissement d’objectifs.
« Si on se fixe un énorme objectif de fin de mois, on risque de dévier, puis de glisser un peu plus chaque jour et finalement, on dérape complètement. Des objectifs quotidiens sont plus faciles à atteindre. Il peut y avoir des ratés, mais comme vous avez un objectif à réaliser chaque jour, vous devriez réussir la plupart du temps. »
Mme Brown reconnaît que l’on peut aisément se focaliser sur les petites erreurs.
« Si vous faites ça, vous ne verrez pas ce qui est juste sous votre nez; c’est dangereux, insiste-t-elle. Vous ne voyez pas que si vous faites un pas, puis un autre, et encore un autre, vous vous rapprochez du but. Il ne s’agit pas de viser la perfection. C’est une question de progrès. Si vous deviez faire un petit progrès, quel serait-il? ».
Reprenez le contrôle de la situation
Il est probable que vous ne pourrez pas éliminer tous les risques qui jalonneront votre parcours. Toutefois, les plus graves erreurs financières découlent souvent d’un manque de préparation.
« Les gens dotés d’un plan financier doivent tout de même s’attendre à l’inattendu, ajoute Mme Brown. Tant que vous serez de ce monde, vous aurez des dépenses inattendues. J’appelle cela « l’incertitude certaine »; il s’agit des dépenses auxquelles il faudra faire face, mais on ne sait pas quand. »
De son côté, Mme Milkman parle de « dépenses exceptionnelles », qui n’ont rien d’exceptionnel, en réalité. Elle explique que ce concept a fait l’objet d’une étude (en anglais seulement) menée en 2012 par Abigail Sussman, professeure agrégée en marketing à la Booth School of Business de l’Université de Chicago, et Adam Alter, professeur agrégé en marketing à la Stern School of Business de l’Université de New York.
Mme Milkman ajoute : « Si vous établissez un plan, ne vous limitez pas aux dépenses récurrentes, c’est-à-dire aux frais mensuels comme le loyer, l’épicerie et les repas au restaurant. Il faut aussi tenir compte des « dépenses exceptionnelles ». Reconnaissez que ces dépenses ne sont pas vraiment exceptionnelles. Calculez la moyenne de ces dépenses additionnelles, c’est-à-dire les frais que vous devez payer tous les mois, afin de les inclure dans votre planification. Ne vous contentez pas des dépenses récurrentes. »
La constitution d’un fonds d’urgence (article en anglais seulement) équivalant à au moins trois à six mois de dépenses est une bonne façon de ne pas réduire à néant vos progrès financiers en cas de grosse réparation ou de facture importante. Souscrire une assurance (article en anglais seulement) pour votre voiture ou votre maison ou pour protéger votre capacité à gagner un revenu est une autre manière de se protéger pour les postes de dépenses qui ne sont généralement pas pris en compte. Toutefois, si vous ne disposez pas de ces protections en cas d’imprévu, tout n’est pas perdu.
Mme Brown ajoute : « J’ai remarqué que les gens se concentrent sur des choses qu’ils ne peuvent pas contrôler et négligent les choses sur lesquelles ils peuvent agir. Par exemple, si vous perdez votre emploi, vous n’avez aucun contrôle là-dessus. En revanche, il ne tient qu’à vous d’appeler vos créanciers et de leur dire que vous aurez de la difficulté à payer vos factures. Il ne tient qu’à vous d’examiner votre budget et d’éliminer les dépenses superflues, comme l’abonnement au câble. »
Misez sur la constance, pas sur la perfection.
Gérer ses finances, c’est comme se maintenir en forme et avoir une alimentation saine : cela demande un effort soutenu, mais c’est ce qui fait la beauté de cette démarche. Comme cette démarche s’inscrit dans la durée, vous avez droit à l’erreur, vous pouvez vous améliorer et rectifier le tir.
« Les gens voient la planification comme un processus linéaire; ils imaginent une trajectoire droite et ascendante. Très souvent, cela ressemble plutôt à des montagnes russes. », ajoute Mme Brown.
Si vous misez sur la constance au lieu de rechercher la perfection, une mauvaise décision personnelle ou même une crise économique soudaine auront moins de conséquences négatives sur votre plan global.
Mme Brown conclut : « Parfois, une crise nous rappelle que le risque existe. La vie est pleine de surprises. Si vous avez fait une erreur, si vous n’avez pas atteint le résultat financier que vous pensiez obtenir, ce n’est pas grave. Faites votre possible maintenant et continuez d’avancer ».
Un article (traduit de l’anglais) de Tanza Loudenback, Business Insider — 2 juillet 2020 à 19 h 39