Ne laissez pas l’alimentation durable gruger votre budget

Les experts recommandent de changer graduellement vos habitudes d'achat pour mieux manger.

Article Hero Image

L’alimentation durable a piqué la curiosité de Ria Morfidis il y a environ cinq ans, lorsqu'une de ses amies a renoncé à manger du bœuf en raison de son impact sur l'environnement.

Lorsqu’elle a elle‑même entrepris cette transition, en se familiarisant avec l'alimentation à base de plantes, Ria Morfidis s'est rendu compte qu'elle avait deux options. Elle pouvait essayer de continuer à manger comme avant, mais en remplaçant la viande et les produits d’origine animale par des substituts végétaliens, comme les « ailes de poulet » végétaliennes, les « Beyond Burgers » et le faux fromage. Ou bien elle pouvait manger des aliments entiers, comme des haricots secs, pour obtenir des protéines. Ria Morfidis a vite constaté que cette dernière option était beaucoup plus abordable.

« C'est vraiment fou de voir l’impact sur notre facture d'épicerie », s’exclame‑t‑elle.

Et comme elle économise, elle peut consacrer un peu plus d’argent à l'autre aspect de l'alimentation durable qui lui tient à cœur : manger local.

« Pour ma part, je ne suis pas à un dollar près... Je pense qu'il vaut mieux essayer d'acheter un produit de culture locale. »

De plus en plus de Canadiens modifient leur alimentation, beaucoup en raison de préoccupations environnementales. Il suffit de regarder les incendies ayant ravagé la Colombie‑Britannique cette année pour observer les effets des changements climatiques sur la planète.

Selon Joe Solly, responsable pour l'Ontario de la pratique de Deloitte Canada en matière de développement durable et de changement climatique, plus des deux tiers des Canadiens préfèrent les achats durables. Un rapport récent de Deloitte a révélé que, de nombreux Canadiens ont commencé, pendant la pandémie, à donner la priorité aux laits végétaux et aux substituts de viande, les haricots secs et les lentilles gagnant également en popularité.

Bien que tous les aliments durables – quoi que cela signifie pour vous – ne soient pas plus chers, beaucoup peuvent l'être, en particulier les aliments locaux. Même si leur coût n’est pas plus élevé, de nombreux Canadiens ont l'impression que c’est le cas.

Une étude réalisée en 2020 par le laboratoire d'analyse agroalimentaire de l'université Dalhousie, en partenariat avec la société de recherche Caddle, a révélé que le coût est l'un des principaux facteurs qui refrènent l’envie des Canadiens d'acheter davantage d'aliments locaux. Par ailleurs, une étude réalisée en 2021 par Food Basics a démontré que si la plupart des Ontariens souhaitent acheter plus souvent des produits locaux, les deux tiers considèrent que les aliments locaux sont chers.

Alors, comment pouvez‑vous faire votre épicerie de manière durable pour votre portefeuille comme pour la planète ?

Effectuez vos recherches

Pour Ryan Shantz, agriculteur de la ferme ontarienne CloverCroft, l'alimentation durable commence par l'information. Il suggère aux consommateurs de se renseigner auprès des agriculteurs de leurs marchés locaux pour en savoir plus sur leurs pratiques.

Tout comme ses cousins « local », « naturel » et « biologique », le mot « durable », est devenu un peu passe‑partout. En matière d'alimentation, la durabilité peut faire référence à l'empreinte carbone d'un produit, à la distance parcourue, à l'utilisation ou non de produits animaux, à l'utilisation ou non d'herbicides, de pesticides ou d'antibiotiques.

Jade Guthrie, formatrice et responsable des programmes alimentaires communautaires pour FoodShare Toronto, soutient que la durabilité tient également compte du traitement et de la rémunération des travailleurs du secteur de l’alimentation. « En raison de tous les aspects différents de la durabilité, il peut être difficile de dire ce qui est vraiment durable, précise‑t‑elle.

« Nous sommes tellement déconnectés de nos aliments et de leur mode de production... (qu') il est vraiment difficile de prendre une décision éclairée. »

Redéfinissez vos priorités budgétaires

Jessica Moorhouse, formatrice financière et animatrice du balado More Money, explique que lorsqu'elle épaule ses clients dans leur gestion budgétaire, elle observe que la nourriture vient au deuxième rang de leurs dépenses, derrière le logement.

Si on souhaite effectuer un changement qui implique l'achat de produits plus coûteux, Jessica Moorhouse explique qu'on doit réfléchir à une manière d’équilibrer notre budget en coupant ailleurs.

Au lieu de faire nos provisions sur un coup de tête, on doit planifier nos achats afin d’éliminer de notre panier d’épicerie les produits qui pourraient s’avérer coûteux, affirme Jessica Moorhouse. Cette approche permet également de réduire notre consommation d'aliments transformés et peu nutritifs.

Si vous en êtes à vos premières armes en matière de budget, vous pouvez avoir recours à de nombreuses applications, comme « You Need a Budget » ou « Mint », indique Jessica Moorhouse. Ou, si vous préférez une méthode un peu plus ancienne, vous pouvez utiliser une feuille de calcul.

Pour manger de manière plus durable sans trop augmenter nos coûts, trois grands changements s’imposent : réduire nos déchets, manger moins de viande et cuisiner davantage à la maison, avance Barbara Seed, consultante en nutrition et en politique alimentaire.

Vous pouvez réduire le volume de vos déchets en planifiant vos repas, affirme Barbara Seed, et en congelant les surplus avant qu'ils dépérissent. Par exemple, si vous décidez de vous gâter en achetant un poulet fermier dans une ferme locale, gardez les morceaux que vous ne mangerez pas et utilisez‑les pour faire du bouillon, en y ajoutant des bouts de légumes congelés tels que les restes de carottes et d'oignons.

« La planification des repas doit se faire en fonction des saisons, afin de pouvoir bénéficier de prix plus avantageux lorsque certains aliments sont disponibles », ajoute‑t‑elle.

S'il est difficile de réduire sa consommation de viande, Barbara Seed suggère de commencer par un seul repas sans viande par semaine. Les substituts de viande peuvent être plus chers et moins nutritifs, précise‑t‑elle, alors si vous avez le temps, optez pour des aliments complets comme les haricots secs ou les pois chiches.

Et si vous cuisinez davantage à la maison, vous ferez des économies qui, poursuit Barbara Seed, pourront ensuite être utilisées pour accorder la priorité aux aliments qui justifient davantage la dépense.

Si vous souhaitez remplacer des produits par des versions plus durables, Barbara Seed vous recommande de commencer par quelques produits à la fois, comme les œufs, les bananes ou le poulet.

Faites preuve d’indulgence envers vous‑même

Justine Geroche, agricultrice urbaine, est végétalienne depuis des années. Elle explique que le changement a été difficile au début, car sa famille philippine cuisine beaucoup la viande.

Il est plus facile d'essayer de changer une habitude à la fois, observe‑t‑elle, comme cultiver des fines herbes à l'intérieur, réutiliser des contenants pour les plats à emporter et acheter certains aliments en vrac.

« Il n'y a pas de méthode parfaite pour agir de manière durable », souligne‑t‑elle.

Comme pour tout changement de mode de vie à long terme, Jessica Moorhouse ajoute que la prise de meilleures habitudes ne se fait pas en criant ciseaux.

Par exemple, effectuez des recherches sur le lait de vache et les substituts laitiers, choisissez celui qui correspond à vos objectifs et procédez au changement – puis passez au produit suivant.

« Essayez de ne pas trop vous soucier des opinions des autres et concentrez‑vous sur ce que vous pouvez faire dans l'immédiat », explique‑t‑elle.

Recherchez des programmes alimentaires locaux

L'argent est « un facteur limitatif important » pour de nombreuses personnes lorsqu'il s'agit d'adopter une alimentation durable, souligne Jade Guthrie.

« L'alimentation est souvent le premier poste budgétaire à subir le couperet , car les gens doivent d’abord payer leur loyer, leur prêt hypothécaire ou la garderie ».

Les consommateurs peuvent essayer de modifier leur consommation alimentaire en achetant une boîte de victuailles, comme celles composées par FoodShare Toronto, qui contiennent des légumes, de la viande et d'autres produits.

De nombreuses options de ce genre sont offertes à Toronto et dans les environs – par Black Creek Community Farm, CloverCroft Farm, Mama Earth Organics, Stubborn Farmer et bien d'autres – et si certaines boîtes exigent un ramassage, d'autres offrent la livraison. Certaines doivent être payées à l'avance – ce qui n'est pas une option convenant aux personnes à faible revenu, il faut le souligner – et certaines peuvent être échangées contre du travail agricole, ce qui est une excellente façon d'en apprendre davantage sur le système d’alimentation locale.

Bien qu'il puisse être difficile au début de s'habituer à n’acheter que des fruits et des légumes de saison, Ryan Shantz soutient qu'on peut trouver du plaisir à privilégier la nourriture lorsqu'elle est offerte localement.

« Attendez de manger des fraises lorsque l'Ontario en regorge, conseille‑t‑il. Leur saveur est bien meilleure, leurs nutriments sont plus puissants et vous pouvez les apprécier bien davantage. »

Ryan Shantz est conscient que ses prix sont généralement plus élevés que ceux pratiqués dans les épiceries et qu'il est parfois difficile de s'arrêter à un marché de producteurs quand le temps presse.

« Mais plus vous dépensez pour des produits locaux, plus vous « votez » avec votre dollar, ajoute‑t‑il, et plus vous continuez à évoluer lentement vers une plus grande disponibilité. »

« Le transfert de ces votes en dollars est ce qui nous a permis de créer davantage de marchés de producteurs et d'encourager un plus grand nombre de petits agriculteurs locaux, explique‑t‑il. Le changement fonctionne, et nous devons simplement continuer. »

Cet article a été rédigé par Rosa Saba du journal The Toronto Star et sa diffusion a été autorisée par le réseau d’édition Industry Dive. Envoyez toute question sur les droits de reproduction à legal@industrydive.com.

blue background

Communiquez avec nous

Communiquez avec un conseiller IG, qui aura un entretien en profondeur avec vous pour cerner précisément vos objectifs de placement, votre horizon de placement ainsi que votre tolérance au risque et à la volatilité.