Parlons d’argent

S’il est difficile d’aborder le sujet des finances personnelles, il est mauvais pour la santé de garder pour soi ses problèmes d’argent.

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Très jeune, Sanna Guérin a compris une chose à propos de l’argent : c’était une source de stress pour sa famille. « Ma mère dépensait et mon père lui reprochait ses achats. Ils ne parlaient jamais d’argent. Mais je me rappelle que c’était une cause de disputes », confie cette agente de programme au Bureau du secrétaire du gouverneur général, à Ottawa.

À l’adolescence, sa sœur et elle sont allées à la banque avec leur père pour ouvrir un compte d’épargne, mais jamais il ne leur a dit quoi faire avec. « Nous n’avons eu aucune véritable conversation à propos de l’argent avec nos parents, pas plus qu’ils nous ont montré à faire un budget. » Comme personne ne lui a enseigné à gérer sa cagnotte, Sanna a dû apprendre par elle-même, à l’âge adulte.

L’histoire de Sanna n’a rien d’exceptionnel : les gens n’aiment pas parler de finances personnelles. Ils sont d’ailleurs nombreux à être en déni total. Selon une étude réalisée en 2016, la majorité des Canadiens qui sont sur le point de se marier ont l’intention de parler d’argent avec leur conjoint; mais dans les faits, moins du tiers le font.

Le silence qui plane sur les questions d’argent contribue à notre ignorance, et nous taisons ensuite les mauvaises décisions qui en résultent. Rarement abordons-nous ce sujet avec nos proches, et des malentendus naissent de ce manque de communication.

Le non-dit, une source de stress

Le silence qui plane sur les questions d’argent contribue à notre ignorance, et nous taisons ensuite les mauvaises décisions qui en résultent. Rarement abordons-nous ce sujet avec nos proches, et des malentendus naissent de ce manque de communication. Or, des études démontrent que le fait de garder des secrets, d’ordre financier ou autre, peut causer du stress, de l’anxiété et même la dépression.

Les non-dits concernant l’argent peuvent briser les liens de confiance, mettre en péril notre couple et provoquer un sentiment de honte, prévient Mark Fenton-O’Creevy, professeur à l’Open University Business School, au Royaume-Uni. Mais malgré toutes les bonnes raisons d’en parler, l’argent demeure un sujet tabou. Pourquoi ? Parce qu’il vient souvent avec son lot d’émotions.

« La planification financière est un exercice difficile, pas à cause des formalités qui l’accompagnent, mais parce qu’elle implique que l’on réfléchisse à notre vieillesse, à notre perte d’autonomie et à notre propre mort, explique-t-il. Si l’on angoisse à l’idée que les marchés boursiers s’écroulent et que l’on doive vendre nos actions à bas prix, ce pas tant pour l’argent que pour la sécurité qu’il représente pour notre famille. »

Comme pour tous les autres sujets délicats, il est plus facile de se taire que d’admettre que l’on croule sous les dettes ou que l’on a des problèmes d’argent. Mais des études démontrent qu’il suffit d’en parler pour réduire notre stress et prendre de meilleures décisions financières.

Ça fait du bien d’en parler

Selon une récente étude menée par le psychologue Ryan Howes, de Pasadena, en Californie, 23 % des Américains ressentent une détresse financière aiguë, une sorte de stress post-traumatique causé par des problèmes d’argent. Dans un billet publié sur le site Psychology Today, il raconte comment l’un des participants à l’étude était si angoissé par ses dettes qu’il ne parvenait plus à dormir et avait de la difficulté à maintenir des relations sociales.

Pour calmer l’anxiété de son patient, Ryan Howes a eu recours à une approche cognitivo-comportementale conventionnelle (par exemple, en tentant de trouver la source de ses pensées négatives et en lui prescrivant des exercices de relaxation et de méditation pleine conscience). Mais ce qui l’a surtout aidé, c’est de parler de ses problèmes d’argent. Après s’être spontanément confié à ses amis, il a commencé à se sentir mieux. Et, ce qui est positif, c’est que ceux-ci ont accepté à leur tour de partager leurs insécurités financières.

« Il s’est avéré que tous ses amis vivaient un stress considérable face à l’argent et à l’avenir, mais qu’aucun n’en avait jamais parlé, écrit Ryan Howes dans son article. Il a suffi que l’un se confie pour que tous les autres racontent l’anxiété que leur causait leur situation financière. Ils ont ainsi pu s’entraider avec des conseils et des encouragements. »

La signification de l’argent

Bien sûr, se confier n’est pas facile. Si l’on est prêt à le faire, il faut savoir que la discussion ne portera pas uniquement sur l’argent, mais sur tout ce qu’il représente. Mark Fenton-O’Creevy suggère de commencer par identifier la relation émotive que l’on entretient avec nos finances et d’accepter que ce sentiment diffère d’une personne à l’autre. Il n’en reste moins que nous éprouvons tous de la honte face aux problèmes financiers, comme l’a découvert le patient de Ryan Howes, et que c’est le silence qui est à blâmer.

Avant de parler de sa situation financière avec ses proches, il peut être bon d’aborder la question avec un professionnel, avec qui l’on n’entretient aucune relation émotive. Il peut aussi être utile d’avoir une idée de ce que l’on recherche avec cette conversation. Ensuite, il suffit d’être patient et à l’écoute, et d’essayer de ne pas juger les autres.

Sanna a graduellement brisé le silence, d’abord en lisant sur l’argent, puis en osant en parler. « J’ai commencé à poser plus de questions lorsque j’allais à la banque, et j’ai maintenant un conseiller pour certains investissements. » Elle a même gagné assez de confiance en elle pour planifier l’achat d’une maison. C’est ainsi qu’elle a pu se défaire de la croyance héritée de son enfance : l’argent n’est pas une source de stress. C’est plutôt un outil que Sanna utilise pour réaliser ses rêves. Une autre bonne raison d’en parler.

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