Les taux d’intérêt divergent, le dollar américain domine
Cinquante ou 25 points de base? Fallait-il vraiment poser la question avant que la Banque du Canada (BdC) ne prenne sa décision cette semaine? Nous sommes d’avis qu’une réduction de 50 points de base (0,50 %) du taux du financement à un jour était tout à fait prévisible, vu sa nécessité. La croissance de l’économie canadienne est anémique depuis un certain temps. L’inflation ne pose plus problème et c’est plutôt la désinflation qui risque d’être préoccupante à court terme. En outre, le chômage remonte tranquillement depuis plus d’un an. Vu ces conditions, la BdC devrait rétablir le taux du financement à un jour à sa position neutre le plus tôt possible. Le ton de son communiqué de presse reflétait cet état d’esprit, notamment lorsque l’on y mentionnait le recul des investissements des entreprises, des stocks et des exportations, qui sont des facteurs de croissance clés.
Chez nos voisins américains, les opérateurs ont dû revoir leurs attentes par rapport aux baisses de taux d’intérêt. Les marchés jugent toujours probable à 95 % une réduction la semaine prochaine, mais la perspective est toute autre pour 2025. En septembre, les marchés misaient sur six réductions de taux durant l’année. Maintenant, ils ne s’attendent plus qu’à deux réductions de 25 points de base (0,25 %), ce qui a entraîné une réévaluation du billet vert, qui s’est ainsi apprécié toute la semaine pendant que l’euro glissait à son plus bas depuis décembre 2022. Le dollar canadien, également malmené, s’est replié à des niveaux jamais vus depuis avril 2020, d’autant plus que les menaces tarifaires ont continué de planer. Sur le marché obligataire, les taux américains ont presque retrouvé leurs sommets postélectoraux, ce qui dénote le revirement dans le sentiment du marché. Même les métaux précieux n’ont pas pu résister à la puissance du dollar américain : l’or a bien commencé la semaine, mais a perdu de son lustre jeudi et vendredi.
En Chine, les décideurs ont accentué la détente monétaire. Le Politburo du président Xi Jinping a annoncé que la politique « prudente » en place depuis 14 ans serait remplacée par une position « modérément accommodante » pour 2025. Il s’agit là d’un changement de ton significatif, les messages expansionnistes étant plus explicites qu’à n’importe quel moment de l’histoire récente. Les investisseurs, toutefois, sont restés dubitatifs. Ils se sont souvenus du plan de relance « au bazooka » annoncé en septembre, qui a fini par faire long feu. Bien qu’un relâchement de la politique monétaire soit perçu comme une bonne chose, beaucoup rétorqueront que ce sera insuffisant pour réellement changer la trajectoire économique de la Chine. Les opérateurs ne se contentent plus de promesses; de plus en plus, ils exigent que la détente monétaire soit accompagnée de mesures budgétaires plus énergiques.
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