Les tensions entourant les droits de douane ont réapparu, mais une vraie guerre commerciale est peu probable
Au cours de la fin de semaine, le président Trump a déclenché une nouvelle salve de tensions commerciales en imposant des droits de douane de 10 % sur les importations chinoises et en suspendant temporairement les droits de douane de 25 % à l’encontre du Canada et du Mexique, en échange d’une hausse de la sécurité aux frontières et de mesures de lutte contre le trafic de drogues. Ce répit de 30 jours (l’entrée en vigueur a été repoussée au 4 mars) ouvre la possibilité que ces droits de douane ne se concrétisent jamais. Si l’on se fie aux événements passés, on peut s’attendre à des extensions des droits de douane ou à des applications sélectives plutôt qu’à une escalade. À la différence de la guerre commerciale de 2018-2019, cette récente décision semble plus tactique qu’agressive, les droits de douane servant davantage de levier de négociation que d’arme économique immédiate.
De son côté, la Chine a réagi de façon mesurée, évitant de créer une spirale de représailles. Des secteurs comme les semiconducteurs, les produits pharmaceutiques, les métaux industriels et l’énergie pourraient souffrir de l’entrée en vigueur de nouveaux droits de douane; des annonces sont attendues aux alentours du 18 février. Une majoration universelle de 10 % des droits de douane sur tous les biens importés aux États-Unis demeure improbable : l’administration américaine semble s’orienter vers des mesures commerciales ciblées, plutôt que globales. Malgré la possibilité d’une légère hausse de l’inflation de base, due à l’entrée en vigueur des droits de douane, les marchés financiers sont restés stables; ils continuent de prévoir deux réductions des taux en 2025 du côté de la Fed et, pour le PIB des États-Unis, un taux de croissance de 2,4 %. Les dates à surveiller : le 18 février, pour l’annonce d’éventuels droits de douane sur d’autres secteurs; le 4 mars, expiration du sursis accordé aux biens en provenance du Canada et du Mexique; et le 1er avril, pour d’autres nouvelles sur la politique commerciale des États-Unis. Malgré le contexte d’incertitude, l’indice composé S&P/TSX conserve, pour l’instant, un excellent rendement depuis le début de l’année, attribuable à la résilience du Canada et à son positionnement stratégique dans certains secteurs clés.
L’once d’or a dépassé la barre des 2 880 $, atteignant un sommet record en raison d’un resserrement de l’offre. La Banque d’Angleterre est confrontée à un risque de pénurie de lingots d’or, les courtiers se hâtant d’envoyer le métal précieux aux États-Unis, en prévision des droits de douane que pourrait imposer le président Trump. Bien que les métaux précieux n’aient pas été directement mentionnés, les marchés craignent qu’ils ne soient englobés dans les mesures commerciales annoncées, ce qui stimulerait la demande en or des États-Unis. On observe des signes clairs d’une pénurie d’or croissante. À Londres, l’or demeure difficilement accessible; les courtiers peinent à se procurer le métal jaune aux fins de livraison. Par ailleurs, le taux d’emprunt de 1 mois du lingot d’or a grimpé à 4,7 %; ce taux étant habituellement proche de zéro, il s’agit d’une forte hausse, qui reflète la prime à payer pour un accès à court terme au lingot. Les marchés de l’argent métal connaissent eux aussi un resserrement de l’offre, ce qui fait craindre une escalade, qui entrainerait, là aussi, une pénurie.
Malgré une période de résultats globalement satisfaisante, plusieurs géants ont fait des annonces décevantes au cours de la semaine. Google a vu son titre reculer après avoir publié des résultats légèrement inférieurs aux prévisions, et l’action de Qualcomm a baissé en raison de craintes d’un ralentissement de la demande en téléphones intelligents. Le secteur automobile a lui aussi été malmené. L’action de Ford a perdu plus de 6 %, le constructeur ayant mentionné que l’entrée en vigueur de nouveaux droits de douane aux États-Unis pourrait plomber les bénéfices du secteur. Par ailleurs, Skyworks Solutions, un fournisseur clé d’Apple, a vu son titre chuter de plus de 20 % après avoir indiqué que la concurrence s’intensifiait dans le segment des semiconducteurs.
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