Avez-vous jamais réfléchi aux motivations qui vous poussent à épargner, à dépenser, à offrir ou à placer votre argent comme vous le faites? Si ce n’est pas le cas, rassurez-vous, la plupart des gens sont comme vous. Que vous ayez ou non conscience de vos comportements face à l’argent, ces motivations sont directement liées à vos valeurs familiales. Vos décisions financières sont motivées par un ensemble de croyances et de principes, qui peuvent fortement influencer votre réussite financière personnelle et familiale.
Peut-être avez-vous entendu parler de la « loi des trois générations », selon laquelle la plupart des familles perdent leur fortune à la troisième génération. Cela tient probablement à la fois à un manque d’éducation et de sensibilisation aux questions pécuniaires, à l’absence de valeurs partagées et à une gestion financière globalement déficiente. Dès lors, établir des valeurs communes en ce qui a trait à l’argent, en parler ouvertement et veiller à ce que vos héritiers et héritières y adhèrent peut aider à préserver votre patrimoine pour les générations à venir.
Comme ces valeurs sont complexes, il peut sembler difficile de les définir et d’amener toute votre famille à les adopter. C’est particulièrement vrai lorsque le patrimoine est transmis à un enfant adulte dont le conjoint ou la conjointe ne partage pas les mêmes valeurs ou à des petits-enfants et arrière-petits-enfants qui n’ont pas connu la période au cours de laquelle ce patrimoine s’est bâti. Les réflexions ci-dessous pourraient vous être utiles pour obtenir l’adhésion de tout le monde.
Prenez conscience de votre rapport à l’argent
Beaucoup de gens n’ont pas véritablement conscience de leurs valeurs face à l’argent ou de leurs habitudes financières. Ces valeurs et habitudes sont généralement façonnées de manière inconsciente par l’éducation reçue, les expériences personnelles et les croyances. Par exemple, si, durant votre enfance, vos parents avaient du mal à joindre les deux bouts, vous pourriez avoir tendance à faire preuve d’une prudence excessive avec votre argent, par crainte d’en manquer. Il est certes raisonnable d’épargner et d’avoir assez d’argent de côté pour faire face à des imprévus, mais cela pourrait vous empêcher de prendre des risques calculés, comme investir une partie de votre argent, ce qui vous priverait du pouvoir de la capitalisation. À l’inverse, si l’argent n’était pas une source d’inquiétude et était facilement accessible pendant votre enfance, vous pourriez aujourd’hui avoir tendance à trop dépenser ou à rechercher les gratifications instantanées.
Il s’agit bien sûr de deux situations extrêmes, mais elles montrent qu’avant de définir activement des valeurs familiales en matière d’argent, il faut d’abord connaître ses habitudes et avoir un réel désir d’effectuer les changements nécessaires. On ne peut pas changer ce que l’on ignore.
Soyez sur la même longueur d’onde que votre conjoint ou conjointe.
Les parents posent les bases de l’éducation de leurs enfants. Aussi est-il important que les conjoints soient sur la même longueur d’onde en ce qui concerne les valeurs familiales à l’égard de l’argent. Cela dit, je sais à quel point cela peut être difficile, pour un couple, surtout dans les premières années. Mon mari et moi avons reçu des éducations très différentes, et, de ce fait, nous avions des valeurs fortes et légèrement divergentes quant à l’argent. J’ai grandi dans un climat de sécurité financière et j’ai même peut-être été un peu gâtée, alors que mon mari a connu une situation inverse. Il nous a fallu un certain temps pour surmonter nos différences de points de vue et apprendre à faire des compromis pour trouver un juste équilibre pour notre famille, mais nous avons d’abord dû avoir de nombreuses discussions difficiles.
Si vous avez actuellement du mal à vous entendre sur ces questions avec votre partenaire, je vous encourage à faire appel à un ou une spécialiste. L’avantage de vous tourner vers un conseiller financier ou une conseillère financière, c’est que vous obtenez un point de vue impartial, qui prend en compte vos objectifs individuels, vous aide à trouver un terrain d’entente pour fixer des objectifs familiaux et à établir un plan personnalisé pour y parvenir.
N’attendez pas pour sensibiliser vos enfants aux questions financières
Une fois que votre conjoint(e) et vous êtes tombés d’accord, attachez-vous à transmettre ces valeurs à vos enfants. Ayez avec eux des conversations sur les bonnes habitudes financières (comme la nécessité d’épargner, d’investir et de faire des dons) et sur les motivations qui s’y rattachent. Encouragez-les ensuite à appliquer ces principes à mesure qu’ils grandissent. Vous pourriez les aider à installer un kiosque de vente de limonade pour gagner de l’argent de poche quand ils sont jeunes ou leur apprendre à remettre à plus tard un petit plaisir au magasin de jouets.
Mon mari et moi avons encouragé notre fille de 15 ans à trouver un petit boulot pour qu’elle apprenne qu’il faut travailler pour s’offrir ce que l’on veut. De son côté, notre garçon de 22 ans, qui étudie à l’université, verse consciencieusement une partie de son revenu dans différents comptes de placement et tient un budget pour ses dépenses courantes. Comme redonner à la société est aussi une priorité dans notre foyer, nous faisions beaucoup de bénévolat en famille (en donnant de notre temps) et nous encouragions les dons matériels (en argent ou en biens).
Nos enfants – et les vôtres – se souviendront de ces expériences et reproduiront ce qu’ils auront vu. Il est important de leur donner l’exemple.
Prenez l’habitude d’en discuter en famille
Une des choses les plus importantes à faire lorsque vos bénéficiaires ont atteint un âge approprié, c’est d’avoir des réunions familiales régulières pour parler de l’héritage familial. C’est l’occasion de discuter du degré de risque ou de prudence que vous souhaitez adopter, des stratégies de gestion du patrimoine que la famille devrait prioriser, de la façon dont l’actif sera partagé le moment venu et de ce qu’il faudra en faire (par exemple, en donner une partie à une œuvre de bienfaisance, financer des études, etc.). Ces conversations doivent être fréquentes, surtout après des événements importants comme le mariage des enfants ou l’arrivée de petits-enfants.
Rappelez-vous que vos héritiers et héritières voudront peut-être faire les choses différemment, et c’est tout à fait normal. On dessine souvent les cellules familiales sous la forme d’un arbre généalogique, où chaque personne représente une branche différente. À l’instar d’un arbre, les branches prennent des orientations différentes. L’important est qu’elles ont toutes les mêmes racines. Toutefois, si vous trouvez que des valeurs s’éloignent trop des vôtres, vous pouvez toujours prendre des précautions supplémentaires (comme établir une fiducie) pour conserver un contrôle sur la répartition de votre patrimoine.
Un héritage n’est pas un héritage sans une vision commune et un plan. Bonne chance.
Traduction d’un article rédigé par Julie Virta, CFP, CFA et CTFA, et publié par Kiplinger, dont la diffusion a été autorisée par DiveMarketplace d’Industry Dive. Pour toute question sur les droits de reproduction, veuillez écrire à legal@industrydive.com.