Les marchés indifférents à la remise sur pause des tarifs
Jeudi, le président des États-Unis, Donald Trump, a confirmé que les biens visés par l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) seraient exemptés du tarif de 25 %, ce qui donne un sursis au Canada et au Mexique. Par contre, cette exemption est accordée seulement jusqu’au 2 avril, date à laquelle M. Trump est censé annoncer une refonte plus générale de la politique commerciale, comprenant notamment des droits de douane visant certains secteurs. Les marchés ont à peine réagi à cette nouvelle, les investisseurs semblant épuisés par le psychodrame tarifaire qui s’éternise. Entre-temps, les données économiques aux États-Unis sont demeurées faibles, puisqu’une hausse des mises à pied, largement attribuable aux compressions gouvernementales, a alimenté les craintes de récession. Le modèle GDPNow de la Banque fédérale de réserve d’Atlanta a revu sa prévision de croissance pour le premier trimestre à -2,4 %, ce qui est toujours nettement en territoire de contraction. Ce modèle tablait sur une croissance de 2,8 % à la mi-janvier.
Sur le Vieux Continent, la Banque centrale européenne a réduit ses taux pour la sixième fois de suite, une intervention largement attendue. Les actions européennes ont continué de faire fi de la faiblesse mondiale grâce à des dépenses gouvernementales records, particulièrement en défense. Le marché boursier allemand affiche maintenant une progression de 20 % cette année et surpasse ainsi la plupart des grands indices. La position de M. Trump selon laquelle l’Europe doit financer elle-même sa défense a donné lieu à un bond des budgets militaires partout sur le continent, ce qui a forcé les gouvernements à procéder à des émissions massives de titres de créance. Cette vague de mesures budgétaires a paradoxalement renforcé l’euro, qui a atteint un sommet de quatre mois par rapport au dollar et est en voie de connaître l’une de ses meilleures semaines depuis sa création.
Entre-temps, après avoir laissé courir la rumeur à ce sujet au début de la semaine, M. Trump a signé un décret ordonnant la création d’une réserve stratégique de bitcoins, un tournant dans la politique américaine sur les actifs numériques. Les milieux de la crypto sont cependant restés sur leur faim, car cette réserve, au lieu de procéder à des achats nets de bitcoins, se constituera uniquement avec des actifs saisis dans des causes criminelles et civiles (de sorte qu’elle ne sera aucunement financée par l’argent des contribuables). Les opérateurs espéraient une intervention plus énergique, et les cours ont reflété cette déception.
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