En une seule journée, le week-end dernier, le site chaletsalouer.com a reçu 17 000 visiteurs et 1500 demandes d’information pour les 3000 chalets qui y sont inscrits. « Les gens se garrochent depuis que le fédéral a annoncé que de nouvelles mesures allaient limiter les voyages à l’extérieur du pays », dit le fondateur de la plateforme, Jean-François Demers.
Au rythme où vont les choses, estime M. Demers, des chalets, « il va en manquer pour l’été », surtout au bord de l’eau et dans les destinations les plus courues, comme la Gaspésie ou Charlevoix. N’empêche, « il n’est pas encore trop tard pour faire sa réservation », conclut-il, notamment parce que de nouveaux chalets s’ajoutent chaque semaine sur son site.
À la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ), l’engouement qui s’est traduit par une fréquentation record en 2020 ne montre aucun signe d’affaiblissement en ce début d’année. « Pour l’été prochain, environ 20 % de nos emplacements de camping et de nos unités de prêt-à-camper ont trouvé preneurs en 24 heures quand nous avons ouvert les réservations en novembre, précise Simon Boivin, porte-parole. Les longs week-ends, les vacances de la construction, les prêts-à-camper et les emplacements avec deux ou trois services partent très vite, mais à ce jour, le taux de disponibilité reste d’environ 66 %. »
L’enthousiasme est aussi palpable du côté des agences de voyages qui proposent des séjours au Québec.
« L’an dernier, nous avons été très actifs au Québec et nous avons dû refuser des gens, alors là, même si tous nos circuits ne sont pas encore annoncés, les clients nous appellent déjà », constate Richard Rémy, cofondateur de l’agence Karavaniers, qui guide normalement les voyageurs à pied sur les plus hauts sommets ou en kayak de mer aux quatre coins de monde, mais qui a recentré ses activités au pays depuis le début de la pandémie.
« En plus de proposer davantage de dates pour nos circuits au Québec, comme aux îles de Mingan, je travaille à en développer d’autres dans l’Ouest canadien, où la plupart des hébergements affichent d’ailleurs complet pour l’été prochain. »
Du côté de Terres d’Aventure Canada, une agence spécialisée dans les voyages sur mesure, l’offre pour l’été prochain sera aussi très locale, avec notamment deux circuits de 13 jours en véhicule récréatif au Saguenay et dans Charlevoix, ou au Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie.
« Nous avons fait quelques tests l’an dernier avec des voyages au Québec, qui ont connu un succès qui a dépassé nos attentes, explique Jad Haddad, directeur de Terres d’Aventure Canada. Pour 2021, nous voulions être plus ambitieux, avec des circuits dans l’ouest du Canada et même des petites croisières dans l’Arctique canadien. On veut pousser le potentiel du Canada jusqu’au bout. La nature, c’est ça notre richesse, notre Himalaya, notre Amazone à nous. »
Et si la pandémie jouait les trouble-fête ?
L’été dernier, la pandémie a connu une accalmie, avec à peine une trentaine de cas par jour. Après des mois de restrictions, les voyages entre les régions ont donc été autorisés. Or, l’évolution de la pandémie reste imprévisible, rappelle la Dre Caroline Quach, pédiatre et microbiologiste-infectiologue au CHU Sainte-Justine : « Avec les nouveaux variants, actuellement, il n’est pas plus sage de passer d’une province ou d’une région à l’autre que d’aller à l’étranger », dit-elle.
Si la situation se dégrade beaucoup à Montréal d’ici l’été, par exemple, rien n’empêcherait le gouvernement d’interdire de nouveau l’accès aux régions plus éloignées. Comme les provinces de l’Atlantique, l’Ontario ou les provinces de l’Ouest pourraient aussi fermer leurs frontières.
Mais il faut garder espoir, ajoute tout de même la Dre Quach. « Il ne faut pas tomber en dépression profonde, dit-elle. La vaccination pourrait changer la donne pour le mieux et la transmission devrait à nouveau ralentir quand il fera beau et qu’on sera davantage à l’extérieur. »
Les agences de voyages semblent bien conscientes des risques associés à une potentielle dégradation de la situation sanitaire. « Oui, il y a un risque, raconte Richard Rémy, de Karavaniers. Mais je ne peux pas ne rien faire, je dois être prêt si les voyages sont possibles. » « On pense qu’il y aura peu d’annulations, donc on va de l’avant et on assume le risque », lance pour sa part Jad Haddad, de Terres d’Aventure Canada.
Dans ce contexte, les deux agences proposent des conditions d’annulation avec remboursement très souples, jusqu’à 15 ou 30 jours avant le départ. La SEPAQ prévoit aussi que des campeurs incapables de se déplacer vers un parc national en raison de contraintes gouvernementales, par exemple, obtiendraient un changement de date, un crédit ou un remboursement sans frais. Pour les chalets, eh bien, tout dépend des conditions d’annulation inscrites au contrat, rappelle Jean-François Demers, de chaletsalouer.com.
Chose certaine, pour éviter de mauvaises surprises, les locataires devraient vérifier le numéro de certification CITQ du chalet qu’ils souhaitent louer sur le site bonjourquebec.com. « L’été dernier, on a entendu parler de certaines fraudes avec des gens qui se faisaient passer pour des propriétaires de chalets, dit-il. La demande est forte, je suis sûr que d’autres fraudeurs tenteront le coup cette année ! »
L’heure est déjà venue de planifier ses vacances estivales, donc, mais l’empressement ne devrait pas aveugler les vacanciers. Et à l’évidence, un voyage en pleine pandémie restera toujours incertain, même au Québec.