Bénéfices contrastés des banques, remous autour de l’IA et baisses de taux sur pause
La période de publication des résultats des banques américaines s’est conclue cette semaine, et le portrait a été cohérent : l’envol des revenus de négociation d’actions (stimulé par la volatilité récente des marchés) a été neutralisé par un fléchissement des résultats dans les services de banque d’investissement. Le volet consommation est toujours résilient, selon Alastair Borthwick, chef des finances de Bank of America; la qualité des prêts est demeurée solide, tandis que l’emploi et les dépenses de consommation restent sains. Malgré cela, le recul des segments des services de banque d’investissement et des titres à revenu fixe a continué de peser sur la rentabilité, ce qui indique que, derrière la vigueur affichée, les choses sont plus complexes.
Dans le même temps, les actions des sociétés de semi-conducteurs ont de nouveau connu des turbulences, après que le ministère du Commerce des États-Unis eut annoncé un renforcement des contrôles à l’exportation sur les puces liées à l’IA destinées à la Chine. Nvidia a fait savoir que les restrictions lui imposeraient une charge énorme de 5,5 milliards de dollars, tandis qu’AMD (Advanced Micro Devices) a fait état de charges associées de près de 1 milliard de dollars. Les contrats à terme sur le Nasdaq ont enregistré une chute brutale après l’annonce. Comme si cela ne suffisait pas, le géant néerlandais de l’équipement destiné à la fabrication de puces ASML a enregistré des commandes inférieures aux prévisions, ce qui a déclenché de nouvelles inquiétudes à l’égard du secteur d’activité. Ces résultats reflètent les contraintes macroéconomiques générales : les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine ont continué de perturber les chaînes d’approvisionnement essentielles, et l’enthousiasme suscité par l’IA en début d’année s’est assurément refroidi.
Chez nous, la Banque du Canada (BdC) a décidé de mettre en pause son cycle d’assouplissement. Il semble que les orientations de sa politique dépendent à présent beaucoup plus de facteurs extérieurs, notamment la politique commerciale américaine, que des résultats économiques intérieurs du Canada. La BdC est effectivement sur la corde raide : le ralentissement de la demande tiendra l’inflation tranquille, mais la guerre commerciale avec les États-Unis pourrait aussi faire monter les prix des biens. Ces craintes à l’égard de l’inflation nous paraissent toutefois surfaites. L’inflation au Canada est plutôt alimentée par le coût du logement que par une surchauffe générale de l’économie. En définitive, la BdC n’a pas fermé la porte à de nouvelles baisses de taux, mais indique qu’elle ne se précipitera pas pour les réduire tant que l’on ne connaîtra pas les dommages réellement causés par les droits de douane. Dans l’immédiat, les autorités restent prudentes et attendent de voir si le président américain Trump bluffe ou s’il a déjà mis toutes ses cartes sur la table.
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