Malgré tout, la hausse de 0,7 % des ventes à 58,1 milliards $ était inférieure à celle attendue par les économistes.
Elle représentait également une baisse par rapport à la progression de 1,6 % enregistrée en octobre, ce qui témoigne d'un ralentissement suite au bond des dépenses des consommateurs au début de l'automne.
Ce ralentissement potentiel s'accentue si l'on tient compte de l'estimation préliminaire de Statistique Canada pour le mois de décembre, qui semble annoncer un déclin de 2,1 % des ventes au détail.
L'agence fédérale a rappelé que son estimation préliminaire serait révisée, mais celle-ci suggère une reprise économique cahoteuse au cours de laquelle des périodes de croissance accélérée sont suivies de revers.
«Même si nous nous attendions à une faiblesse en décembre, la baisse semble être un peu plus importante que prévu», a observé l'économiste Andrew Grantham, de Marchés des capitaux CIBC, dans une note à ses clients.
Si les données préliminaires pour les ventes des fabricants et des grossistes, qui devraient être publiées la semaine prochaine, sont également en deçà des attentes, cela pourrait signifier que le produit intérieur brut (PIB) de décembre a été plus faible que prévu, a-t-il poursuivi.
«Les signes de ralentissement de l'économie, avant même que le nombre de cas (de COVID) atteigne un pic et que l'impact des restrictions n'entre en vigueur, pourraient faire légèrement pencher la balance pour la Banque du Canada, qui pourrait maintenir ses taux la semaine prochaine et attendre de voir des signes de reprise avant de les hausser», a expliqué M. Grantham.
Le ralentissement des dépenses a incité certains économistes à publier des projections en sourdine pour les mois à venir.
Le Conference Board du Canada a indiqué qu'il s'attendait à ce que les ventes au détail diminuent au cours des deux prochains trimestres, avant d'augmenter modérément au cours de la seconde moitié de l'année.
«Bien que nous soyons toujours optimistes quant à l'avenir, de nouvelles vagues de virus pourraient décourager nos perspectives, malgré le taux de vaccination élevé au Canada», a indiqué le groupe de recherche dans une note.
«Comme nous l'avons appris avec Omicron, les confinements généralisés ne sont pas entièrement une chose du passé.»
Impact des inondations sur les ventes
Les importantes inondations en Colombie-Britannique et dans certaines parties des provinces de l'Atlantique ont endommagé les infrastructures et nui aux activités d'affaires, ce qui a eu un impact sur les ventes au détail en novembre, a précisé Statistique Canada.
Environ 21 % des détaillants interrogés dans ces régions ont indiqué que leurs ventes avaient été affectées par les inondations, principalement en raison de perturbations des transports.
Dans l'ensemble, la hausse des ventes de novembre a été alimentée par un bond de 4,9 % des ventes des stations-service, par une progression de 3,0 % des ventes de matériaux de construction et de matériel et fournitures de jardinage, et par une croissance de 1,0 % des ventes de magasins d'alimentation.
Les ventes au détail de base, qui excluent les ventes des stations-service et des concessionnaires de véhicules et de pièces automobiles, ont grimpé de 0,5 %, a indiqué l'agence.
Les consommateurs ont aussi dépensé davantage pour les vêtements et les accessoires vestimentaires, qui ont progressé de 3,0 % en novembre.
Les ventes des bijouteries et magasins de bagages et de maroquinerie ont avancé de 5,7 %.
Dans l'ensemble, les ventes ont grimpé dans six des onze sous-secteurs étudiés par l'agence, ce qui représentait près de 63,8 % des ventes au détail en novembre, a précisé Statistique Canada.
Exprimées en volumes, les ventes des détaillants ont avancé de 0,2 % en novembre.
Sept provinces ont vu leurs ventes au détail progresser en novembre, et le gain de 1,2 % observé au Québec a été le plus marqué, a précisé Statistique Canada. Les ventes ont progressé de 0,5 % en Ontario et de 3,0 % au Nouveau-Brunswick, mais elles ont reculé de 0,2 % en Nouvelle-Écosse et de 1,2 % à l'Île-du-Prince-Édouard.
L'économiste Shelly Kaushik, de BMO Marchés des capitaux, a indiqué que les ventes au détail avaient enregistré un gain décent en novembre, bien qu'une grande partie soit attribuable à la hausse des prix, l'inflation ayant érodé le pouvoir d'achat.
L'histoire sera différente pour décembre, qui devrait enregistrer une baisse pure et simple, a-t-elle annoncé.
«Des restrictions plus strictes semblent avoir limité les dépenses en décembre», a affirmé Mme Kaushik dans une note à ses clients. «Les consommateurs semblent prêts et disposés à dépenser, mais ils ne peuvent le faire que lorsqu'ils y sont autorisés.»
Pour l'avenir, l'analyste Ksenia Bushmeneva, des Services économiques TD, a souligné que le tableau des dépenses de détail était mitigé.
«Les limites de capacité, l'absentéisme du personnel et les problèmes de santé peuvent peser sur les ventes en magasin en ce début d'année», a-t-elle affirmé dans une note. «Les goulots d'étranglement de la chaîne d'approvisionnement sont également susceptibles de s'intensifier de nouveau, entraînant des retards d'expédition, des prix plus élevés et moins de choix pour les consommateurs.»
Les détaillants ayant des activités en ligne pourraient également voir leurs ventes augmenter, alors que les consommateurs redirigent leurs dépenses des services vers les biens, comme lors des précédents épisodes de confinement, a poursuivi Mme Bushmeneva.
Brett Bundale, La Presse Canadienne
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