Plus de 5,3 millions de réfugiés ont fui l’Ukraine vers la Pologne voisine, et un million d’autres, vers le Royaume-Uni et d’autres parties de l’Europe. Lorsque le conflit a éclaté, le monde restait dans l’expectative, se demandant quel effet cette guerre aurait sur l’approvisionnement alimentaire mondial et sur les exportations d’énergie en provenance d’Europe de l’Est. La Russie, qui est un important producteur de pétrole, exportait 85 % de sa production vers l’Europe et la Chine au moment de l’invasion.
Les prix de référence du pétrole brut sur les marchés mondiaux ont explosé après l’invasion pour atteindre 100 $ US le baril, et ils ont enregistré de fortes fluctuations dans les semaines qui ont suivi. Cela a provoqué d’importantes pénuries d’approvisionnement et ruptures de stocks, qui en ont convaincu plus d’un que les prix des produits de base allaient continuer de stimuler l’inflation.
Crise de l’inflation ou désinflation?
Quand on analyse les données entre janvier 2021 et aujourd’hui, on constate que la thèse selon laquelle les produits de base étaient un élément catalyseur de l’inflation et allaient perturber les marchés financiers semble avoir été surestimée. En fait, au cours des sept derniers mois, les prix des produits de base ont baissé par rapport à leurs niveaux d’avant la guerre. De plus, l’augmentation des prix des aliments et de l’énergie était déjà très forte après le rebond de l’activité économique causé par l’augmentation de la masse monétaire mondiale et la réouverture rapide de l’économie en 2021.
On peut raisonnablement s’attendre à des perturbations à court terme des prix des produits de base lorsqu’un conflit éclate entre des économies fortement axées sur l’exportation. Les sanctions économiques et politiques contre la Russie n’ont pas aidé non plus les prix de l’énergie. Les pays producteurs de pétrole ont augmenté leur production au maximum et, en mars, le président américain Joe Biden a commencé à libérer de la réserve de pétrole stratégique du pays un million de barils de pétrole brut par jour sur une période de six mois. Ce recours massif inédit aux réserves stratégiques a procuré à l’économie américaine un approvisionnement record en pétrole brut, et ce sera le cas jusqu’à la fin octobre 2022.
Pendant ce temps, les économies européennes s’ajustent aux changements au sein des marchés de l’énergie et, comme en Amérique du Nord, les consommateurs ont été confrontés à des hausses des prix du carburant et des aliments tout au long de l’été. Cependant, depuis le mois d’août, on a vu les prix des principales denrées (blé, soja, pétrole brut, maïs et potasse) redescendre à leurs niveaux d’avant la guerre.
Le graphique ci-dessous illustre la montée des prix de plusieurs produits de base jusqu’en juillet, ainsi que leur baisse marquée en août.