Il s'agit d'un assouplissement important à la politique adoptée par le Canada depuis les tout premiers jours de la pandémie, il y a deux ans. La mesure, annoncée il y a deux semaines, aurait déjà provoqué une augmentation des réservations de voyages à destination et en provenance du Canada.
Les voyageurs pourraient toujours être testés de façon aléatoire à leur arrivée au Canada, mais l'abandon de cette exigence d'un test de dépistage avant l'arrivée devrait avoir un effet important sur la décision des gens de voyager ou non, estiment des acteurs de l'industrie.
«C'est sûr qu'il y aura une augmentation des réservations», a déclaré Beth Potter, présidente de l'Association de l'industrie touristique du Canada — même si elle admet que le volume ne reviendra probablement pas aux niveaux d'avant la pandémie.
Richard Vanderlubbe, président de TripCentral.ca, affirme que la demande de voyages est déjà en hausse — et que les coûts augmentent à l'avenant. «C'est lié directement à la levée des avertissements aux voyageurs (du gouvernement), à l'abandon des tests le 1er avril et à une confiance accrue des consommateurs», a-t-il soutenu.
Mais Mme Potter croit que le Canada a du pain sur la planche pour faire savoir au monde entier qu'il est prêt à accueillir à nouveau des visiteurs. «Comme nos frontières ont été fermées pendant très longtemps — plus longtemps que d'autres pays du G7, notamment —, nous avons en quelque sorte une espèce de réputation de pays fermé aux affaires», a-t-elle estimé.
La sixième vague
De nombreuses voix, y compris des conservateurs fédéraux, pressaient les responsables à supprimer les exigences en matière de vaccins pour les voyageurs, ou du moins à partager plus d'informations sur le moment où le gouvernement prévoyait de franchir cette prochaine étape.
«Nous devons envoyer le signal que les voyages sont sécuritaires, maintenant, et lever la vaccination obligatoire. Je pense que ça aiderait vraiment à rétablir la confiance», a déclaré Mme Potter.
Il est toutefois possible que le gouvernement fédéral rétablisse les restrictions aux frontières si la situation pandémique s'aggrave au Canada et à l'étranger. Lorsque le ministre de la Santé, Jean-Yves Duclos, a annoncé ce plus récent assouplissement, le 17 mars, il l'a expliqué par une baisse des taux de positivité des tests de dépistage à la frontière et par l'amélioration des taux de vaccination chez les Canadiens.
Mais les épidémiologistes ont commencé à mettre en garde les responsables contre une sixième vague, entraînée par un sous-variant plus contagieux d'Omicron, appelé BA.2 ou «sous-variant furtif».
Comme la plupart des provinces n'offrent pas le dépistage généralisé par tests moléculaires (PCR), il est donc impossible de connaître chaque jour combien de personnes contractent la COVID-19 au Canada. On sait toutefois qu'entre le 13 et le 14 mars, environ 13,8 % des tests étaient positifs dans tout le pays, selon les données de l'Agence de la santé publique du Canada. Au 31 mars, ce taux était passé à environ 16 %.
Les non-vaccinés
Si le test obligatoire devait revenir pour les voyageurs, cela aurait un effet modérateur majeur sur le secteur du tourisme, estime Mme Potter. Elle souhaite que le gouvernement fédéral travaille avec le secteur et les experts en santé publique pour élaborer un plan de protection contre les futures vagues, sans devoir interrompre à nouveau le tourisme, cette fois.
Bien qu'aucun test ne sera requis à compter de vendredi pour les personnes considérées comme entièrement vaccinées, Santé Canada exige toujours que toute personne arrivant de l'extérieur du pays porte un masque en public pendant deux semaines.
Les règles pour les Canadiens non vaccinés et les autres voyageurs exemptés de l'obligation de se faire vacciner restent les mêmes. Pour entrer au Canada, ces personnes devront toujours fournir un test négatif ou prouver que suffisamment de temps s'est écoulé après une infection.
Les voyageurs non vaccinés seront également testés à leur arrivée et à nouveau huit jours plus tard, et ils devront s'isoler pendant 14 jours.
Laura Osman, La Presse Canadienne