« Nous nous étions donné quelques critères stricts, et au moindre drapeau rouge, nous étions convenus de ne pas aller de l’avant », explique M. Sumar.
En 2022, de nombreux Canadiens n’ayant aucune expérience en construction ou en rénovation de maison se retrouvent à devoir évaluer eux-mêmes l’état de la toiture, des gouttières et du calfeutrage.
Comme le couple Sumar et Saggu, ils se font concurrence pour trouver une maison dans le marché immobilier canadien en pleine surchauffe – un marché où la clause d’inspection de la maison, autrefois un élément courant et essentiel de tout contrat immobilier, n’est même plus une option à bien des endroits.
« Nous avons fait 12 ou 13 offres », explique M. Sumar, avant d’ajouter que comme ils ne sont toujours pas parvenus à trouver une maison, ils ont décidé d’attendre quelques mois pour voir si les choses se calment un peu avant de tenter leur chance à nouveau.
« Nous savions qu’il ne fallait même pas songer à inclure une clause d’inspection. »
Selon les plus récentes statistiques de l’Association canadienne de l’immeuble, les ventes de maisons au pays ont augmenté de 4,6 % en février. Le niveau des ventes pour le mois dépassait d’environ 35 % le niveau d’avant la pandémie, les acheteurs se précipitant pour bloquer des taux d’intérêt exceptionnellement bas, qui devraient augmenter cette année.
Les prix ont aussi continué de grimper, et le prix moyen des maisons à l’échelle nationale en février a augmenté de près de 30 % en rythme annuel. Dans certaines régions, la croissance a été encore plus extrême, comme à Calgary où le marché de l’habitation a explosé et où le prix de référence a augmenté de 34,6 % au cours des trois derniers mois seulement.
Dans ce genre de marché, les acheteurs doivent souvent composer avec des offres multiples. Par conséquent, non seulement les maisons se vendent à un prix plus élevé que le prix demandé, mais de nombreux acheteurs font des offres sans condition.
« Dans le marché actuel – en particulier à Toronto, mais aussi à Ottawa, à Barrie, à Burlington et ailleurs – il est rare que les offres soient assorties d’une condition d’inspection », affirme John Lusink, président de l’agence Right At Home Realty de Toronto.
« La plupart des agents immobiliers conseillent à leurs clients de ne pas ajouter cette condition au risque de ne jamais trouver une maison dans le marché actuel. »
Mais est-il quand même possible pour les acheteurs de se protéger contre les vices cachés et les réparations coûteuses et de trouver une maison dans un quartier en demande? Oui, disent les experts, à condition d’accepter de penser autrement.
M. Lusink mentionne que certains acheteurs qui savent qu’ils ne pourront pas trouver une maison s’ils font une offre conditionnelle à l’inspection choisissent plutôt d’engager un inspecteur en bâtiment agréé ou une personne compétente pour les accompagner durant leurs visites.
« Une inspection préachat – même si c’est à vos frais – est quelque chose que je recommande fortement, affirme-t-il. Trouvez un expert, que ce soit un inspecteur en bâtiment ou une personne qui a de bonnes connaissances en construction, pour faire le tour de la maison avec vous. »
Si ce n’est pas possible, une autre option pour les acheteurs est de demander d’avoir accès à la propriété pour une inspection entre le moment où l’offre est conclue et la date de prise de possession. Même s’il n’est pas nécessairement facile d’annuler un contrat une fois qu’il a été conclu, c’est possible si l’inspection révèle un problème majeur.
« Les acheteurs devraient discuter avec leur représentant de la possibilité de prévoir ce genre d’autorisation dans l’entente, explique Joe Richer, registrateur au Real Estate Council of Ontario. Bien sûr, idéalement, l’inspection de la maison devrait se faire avant et être une condition d’achat, mais rien n’empêche de la faire immédiatement après que l’offre a été acceptée. »
Dans le pire des scénarios, les acheteurs ont toujours la possibilité d’engager un inspecteur en bâtiment après la prise de possession. Au moins, ils auront ainsi une meilleure idée de l’état de la propriété qu’ils ont achetée, ce qui pourra les aider à planifier les réparations et l’entretien futurs et à prévoir un budget en conséquence, selon M. Richer.
Il rappelle que même si la maison n’a pas été inspectée, les vendeurs sont tenus par la loi de divulguer tout « vice caché » qui est suffisamment important pour rendre la maison inhabitable ou nécessiter des réparations très coûteuses. Les vendeurs comme leurs agents peuvent être poursuivis s’ils ont sciemment omis de divulguer un problème majeur de la propriété.
En fin de compte, il revient à chaque acheteur de décider du niveau de risque qu’il est prêt à accepter dans ses démarches pour trouver une maison, selon M. Richer. Certains, comme le couple Sumar et Saggu, peuvent tout simplement décider de reporter leur achat.
« Ceux qui se sentent pressés et qui en viennent à la conclusion qu’ils doivent renoncer à l’inspection doivent être à l’aise avec leur décision, rappelle-t-il. Ils doivent être prêts à assumer le risque auquel ils s’exposent. »
Cet article provient de La Presse canadienne et sa diffusion a été autorisée par Licensed Content Marketplace d’Industry Dive. Pour toute question sur les droits de reproduction, contactez legal@industrydive.com.